Education : Tendances évolutives et destins d’enfants – 17° Origines des retards et des invalidités de la pensée (perception, représentation, entendement, conscience, intelligences)


Importante introduction

Ce qui est suit est un Xème article correspondant à un chapitre d’un livre.
Lire l’introduction comprenant l’intention de l’auteur, la mienne, les précautions oratoires, etc. sont indispensables pour bien prendre en compte le contexte dans lequel ce qui suit est écrit.

Elle est ici https://marcherparlerpenser.wordpress.com/2020/03/28/education-tendances-evolutives-et-destins-denfants-1-introduction/

Concernant la pédagogie curative, elle est enseignée – notamment – à l’université de Fribourg et se base sur une approche scientifique moderne. Lire : https://marcherparlerpenser.wordpress.com/2020/10/30/la-pedagogie-steiner-et-lanthroposophie-offre-une-vision-scientifique-de-lautisme/
Une description caractérologique peut être présentée. Elle suit la logique phénoménologique goétheenne. Lire : https://www.bio-dynamie.org/biodynamie/presentation/approche-goetheenne/
La « caractérologie » présentée se veut donc non-exhaustive, phénoménologique, purement descriptive, non-déterminante et non-déterministe!


L’auteur traite ici du diagnostic le plus posé : celle de l’invalidité dite mentale.


Un diagnostic peu explicite


Il est peu explicite car il comprend toute une gamme de troubles et de pathologies qui vont de la légèreté à la sévérité.
En outre, en plus du quotient intellectuel, il est très important de prendre en compte les intelligences morales, créatives, affectives, etc.

Le terme idéal pour parler de cette faiblesse en français est celle de la « faiblesse perceptive ».

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Des troubles de la perception à la source de troubles comportementaux et intellectuels

Beaucoup de troubles du comportement résident bien souvent dans un trouble de la perception que dans un retard mental.
La sphère perceptive touchée est celle de l’audition et/ou de la vision.

De ce fait, l’enfant ne peut pas bien tout percevoir et donc ne peut pas bien tout saisir.

Il est extrêmement important que l’enseignant, l’éducateur prenne cela en compte dans l’éducation des personnes dont ils ont la responsabilité parce qu’il y a risque de préjudice à moyen et à long terme.

L’auteur recommande de pratiquer des examens précis des organes sensoriels et de proposer, dès que possible, des corrections adéquates physiques, médicales et éducatives.

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Origines

La capacité perceptive est déviée ce qui affaiblit l’enfant. Elle est transférée et l’enfant végète.

L’attention est détournée du monde extérieur et se dirige vers des fonctions organiques et moteurs. L’enfant l’exprime physiquement par des mouvements stéréotypés (bercement, balancement, ballottement, torsion, chute, etc.) qui absorbe toute l’attention de l’enfant.

La vision neuve apportée par la pédagogie curative proposée par R. Steiner

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Elle ne se réfère ni l’intelligence, ni aux facultés perceptives ni au pôle céphalique de l’enfant mais bien au pôle opposé, à l’organisation des métabolismes des membres. Steiner est cité  » Que l’enfant paraisse être faible d’esprit, c’est ce qui apparaît surtout lorsque nous voyons sa difficulté à exécuter un ordre s’adressant aux jambes, et que l’enfant hésite même à les mettre en mouvement.« 
C’est la lenteur des mouvements qui est caractéristique et symptomatique. Il s’agit des mouvements intentionnels de la marche ainsi que des mimiques.
Quand l’enfant est calme, cette déficience intellectuelle ne se voit pas. Cela se voit quand il se met en mouvement et à marcher.

Caractéristiques

Pauvreté motrice générale

Mimiques peu expressives

Démarche pesante

Pieds qui traînent

Pas hésitants ou suspendus

Pieds écartés lors de la marche

Manque d’assurance

Membres vite fatigués, la personne apprécie reposer ses membres

La cause est psycho spirituelle : le Je de l’individu ne peut pénétrer et mobiliser pleinement le corps physique. Cela aura des conséquences au niveau de la marche, de la parole et de la pensée.

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Conséquences motrices, premiers symptômes de la première étape du développement

L’enfant lève la tête à trois mois.

Il s’assied et prend des objets à six mois.

Il manifeste un retard dans la station verticale et la marche.

C’est symptomatique que de voir une lente motricité au niveau des doigts.
Il est extrêmement important de travailler l’activité digitale.

Conséquences dans le langage, deuxième étape du développement


L’enfant présente beaucoup de retard dans l’acquisition du langage. La normalité est d’environ un an. Dans ce cas présent, le langage se développe vers quatre à cinq ans.
Le langage présente une dysarthrie c’est-à-dire des bredouillements des bégaiements. L’enfant reste comme fixer à un stade primitif dans le développement du langage.

Conséquences dans la pensée, troisième étape développement

C’est dans le domaine de la pensée que le retard est le plus évident.
L’enfant manifeste un retard au niveau intellectuel et au niveau de la compréhension. La pensée et la faculté de représentation se développent très lentement et elles ne sont tournées que vers l’extérieur.
Ils ont très rarement accès à l’abstraction une fois devenus adolescents.

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L’origine du retard mental se trouve dans la zone métabolique et des membres

C’est dans la succession fondamentale du développement de l’enfant qui vient d’être évoquée (marcher, parler, penser) qu’on peut trouver la raison précise pour lequel le ralentissement moteur des membres (marcher, étape 1) se manifeste finalement au niveau de l’organisation céphalique sous forme de déficience intellectuelle (pensée, étape 3).
Cela montre que le développement successif des fonctions humaines est ascendant.
Cela est antinomique avec le développement des formes humaines.
En effet, dès la naissance, la forme de la tête et du système neurosensoriel sont presque achevés.
C’est à partir de la tête que le progrès morphologique du reste du corps se poursuit de haut en bas. Cependant, ce pôle neurosensoriel n’est pas encore fonctionnel et éveillé dans le sens qu’il n’est pas encore capable d’exercer une activité propre. Par exemple, il ne peut digérer les impressions sensorielles ou acoustiques, faire preuve d’abstraction et de manifester une pensée hypothéco-déductive.
À l’opposé, l’intestin, qui n’est pas encore complètement mature, digère, pourtant, du lait et les membres, encore en formation, peuvent gigoter et bouger. Bien que sa formation soit encore incomplète, la zone des membres et des métabolismes est à l’origine de l’impulsion motrice.
Il est ainsi capital de comprendre que c’est par la succion et non par la vigilance aiguë des sens que le nourrisson établit sa relation première, encore vague, avec l’entourage.
À ce sujet, Steiner dit : « Voici au fond le secret de l’esprit humain : à la naissance son esprit de tête est déjà très développé, mais il dort… en tant qu’êtres de membres, l’homme est tout éveillé à la naissance, mais il est peu formé pourtant, non développé encore. En somme il nous suffit de développer les membres de l’homme et une partie de l’être de la cage thoracique. Car l’homme dans les membres et de la cage thoracique a pour mission d’éveiller ensuite l’homme céphalique. »
Ainsi, le développement infantile résulte de l’interaction d’une impulsion morphologique descendante et d’un flux ascendant d’activités toujours nouvelles, d’innovations gestuelles.
Si le mouvement montant manque de vigueur, il n’exerce qu’ insuffisamment sa fonction d’éveil du pôle tête, et c’est la faiblesse d’esprit qui apparaît alors à des degrés divers ainsi que la faiblesse perceptive.

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Analyse de cas suivants le marcher, le parler et le penser

L’auteur donne un exemple d’une enfant qui parle uniquement avec des nominatifs et des impératifs. Cela ressemble à un style télégraphique.
Concernant la marche, elle ne bouge que les hanches sans rien plier au niveau des autres articulations.
On observe ici une rigidité entre la parole et la marche : elle ne plie pas les noms et les verbes aux formes grammaticales comme elle ne plie pas ses membres.

Un autre exemple donné

À sa naissance, tout va bien. Rapidement, en grandissant, l’enfant se mit à vomir beaucoup et à produire de nombreuses diarrhées. En plus des difficultés alimentaires, il y a présence de problèmes caloriques : elle fait facilement de fortes fièvres comme elle peut avoir rapidement froid.
Petite, elle mène une existence sans bouger et sans chercher à toucher son environnement. Elle acquiert la marche à deux ans et demi et acquiert la parole en même temps, vers trois ans.
On retrouve dans cet exemple tous les symptômes du retard d’évolution présente dans ce sujet.
L’immobilité, les vomissements les diarrhées montrent des difficultés au niveau de la zone métabolique et des membres. Sa tête, au contraire, est très développée et montre une précocité au niveau de l’apparition des premières dents.
Chez elle, l’éveil de l’esprit de la tête s’est fait tardivement à cause de faiblesse dans sa zone des membres et du métabolisme.
Cela se passe ainsi parce que la montée du sang est affaiblie et cela refroidit l’enfant.
La fièvre manifeste une compensation de la zone rythmique qui tente de s’affirmer et de réagir.

Comment agir ?

L’auteur se demande : devant tant d’impuissance, qu’est-ce qui peut toucher thérapeutiquement un bébé ? Car l’action éducative de la parole, de l’éducateur, de l’enseignant, de la gymnastique, de la musique et des arts n’ont ici aucun impact thérapeutique.
C’est par le lait qui est la substance liée à la zone du métabolisme et des membres qu’une action thérapeutique est possible. Le lait renferme encore la force de l’être métabolique et des membres. Le lait est, pour l’essentiel du moins, la seule substance dont l’action éveille l’esprit encore endormi. C’est sa mission : réveiller l’homme dès l’enfance. C’est une pédagogie naturelle que d’en faire appel.

Cela est bien démontré dans l’exemple précédent : en vomissant et en allant sans cesse à la diarrhée, l’enfant ne subit pas l’influence totale du lait. Cela pour conséquence que le développement est presque bloqué.
L’organisation insuffisante de la zone métabolique des membres ne peut transmettre ensuite des stimulus éveillant la zone neurosensorielle.
Quand la parole apparaît, elle reflète l’imperfection de la motricité des membres.

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En conclusion

L’auteur énonce le constat récurrent que l’imperfection extrême qui peut apparaître chez l’homme trouve son origine dans la zone métabolique et des membres. C’est cette dernière qui entraîne l’éveil insuffisant du pôle supérieur pourtant formé.
Dans la recherche scientifique actuelle, le rôle des troubles du métabolisme dans l’apparition de la faiblesse intellectuelle est de plus en plus évident et démontré.
Au cours des dernières décennies, on a émis le terme suivant pour décrire cela : des erreurs métaboliques innées.
En 1980, 79 formes d’invalidité mentale ont pour origine le métabolisme.
C’est presque toujours une déficience enzymatique qui bloque partiellement ou totalement la transformation métabolique nécessaire. Cela induit un mouvement ralenti du métabolisme.
Toujours en 1980, la recherche n’a pas encore montré comment les troubles métaboliques portent atteinte à la zone neurosensorielle. On admet la lésion du cerveau par les produits métaboliques irréguliers.
Une autre hypothèse est exprimée : la diminution de la substance métabolique impacte négativement le cerveau.
L’ensemble des avancées et des recherches sur le sujet confirme les propos de Steiner : la cause véritable du retard dans la zone neurosensorielle (intelligence, perception et représentation) se trouve dans la zone métabolique des membres ainsi que dans des lésions cérébrales. Il y a aggravation de la déficience quand il y a déformations plus ou moins graves qui donnent naissance à diverses anomalies. On parle ici d’anomalies du revêtement pileux, déformation de l’oreille externe, de l’épaississement membraneux de la conjonctive, des malformations du squelette, etc.
Il y aussi aussi parfois, présence, anomalie chromosomique en tant que déformation microscopique.

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Un problème d’interaction, dans certains cas

L’apparition de l’invalidité mentale a à être comprise à partir de l’interaction perturbée entre les pôles supérieurs et inférieurs de l’organisme infantile même dans les cas où, à première vue, ce sont les anomalies du pôle formatif (la tête) qui domine.
Dans ce cas aussi, les impulsions d’éveil partent de l’organisation des métabolismes des membres mais elle rencontre la résistance accrue de l’organisation neurosensorielle qui s’oppose à l’éveil.
Il s’agirait de renforcer l’impulsion des membres, des métabolismes pour vaincre cette résistance. Cela aurait un impact sur le développement de l’invalidité mentale. Les résultats du traitement par des exercices psychomoteurs en ont aussi un. La réussite n’est pas due à l’action directe sur le cerveau mais la stimulation de son pôle opposé.

La thérapie

La nature du mal réside dans le ralentissement des mouvements ; le but fondamental de la thérapeutique réside dans la mobilisation extérieure et intérieure.
Steiner recommande de faire insérer le système métabolique dans la motricité pour ainsi stimuler l’esprit de l’enfant. Il propose de faire la séquence « RLSI » en eurythmie.
Cette séquence de sons présentée ici est riche en consonnes extrêmement mouvantes qui rendront plus mobile le terrain sur lequel le Je doit intervenir.
Wilam écrit à ce sujet : » La séquence de son est à considérer comme une composition où la succession des sons est aussi essentielle que la valeur thérapeutique propre à chacun des sons. Le R régularise l’activité relevant du corps astral, le L fortifie le corps éthérique , le S soutient l’organisation du Je, et par le I, le sujet exerce ainsi, renforce son approche du monde, son attitude autonome et intentionnelle ».
La séquence débute par trois consonnes se conclut par une voyelle.

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Cette séquence peut s’exercer avec des enfants pendant des semaines et des mois.
L’éducateur l’effectue d’abord et l’enfant l’imite sous forme de jeu musical, de danse.
On peut se consacrer à l’étude d’un exercice plus approfondi comme s’attarder sur un son précis. On y revient la séance suivante, consolidant ce qui a été fait précédemment. Si nécessaire, on peut faire le même son plusieurs fois ou bien on s’attaque à un et même deux autres de la série. Il est cependant toujours important de terminer l’exercice par une récapitulation de la séquence tout entière. On observe qu’une séquence de ce genre, si elle est prescrite à différents enfants, doit être pratiquée de manière individuelle, selon le cas de chacun. Pour certains enfants, l’action doit être reposée sur le L et chez d’autres ça sera le I, etc.

Importance de la digitalité

Il est plus que recommandé de pratiquer les exercices d’eurythmie avec les doigts des orteils car les mouvements subtils, la motricité fine des petites articulations mobilisent également le pôle de la pensée. Les exercices sont particulièrement efficaces lorsqu’on demande aux enfants d’être attentifs durant l’exécution des mouvements.
Steiner recommande une mise en mouvement pratique et énergique des orteils et des doigts tout en demandant à l’enfant de suivre du regard toute la suite des mouvements de ses membres : c’est-à-dire qu’on lui demande de se regarder lui-même. C’est ainsi qu’on ouvre la voie allant de la tête aux membres, une voie initialement très bloquée en raison de l’imperméabilité du corps.
En effet, les enfants peuvent éprouver beaucoup de peine à passer de la compréhension à l’acte, a passé à l’activation des membres. L’activité de l’éducateur par des activités rythmiques peut raccourcir très concrètement le chemin de la tête aux membres en faisant en sorte que la tête touche les pieds, lorsque par exemple, au bain, l’enfant porte le gros orteil à la bouche. On agit ainsi le même sens quand on lance nos enfants s’exercer et créer avec le pied (écrire, dessiner, …) .
Il faut ajouter l’apport très important de travaux manuels, du tricot surtout et du crochet qui sont très bénéfiques puisqu’ils stimulent également la motricité fine.
Le progrès moteur est encouragé davantage quand l’attention est portée sur le monde alentour. Les mouvements réussissent d’autant mieux si l’entourage est mieux compris et perçu.
Il est donc très important d’aller marcher et se promener. Les personnes invalides mentalement ont ainsi de la peine à regarder ce qui les entoure tellement elles sont absorbées par l’état de leur propre personne, rappeler à elle-même. C’est le travail des éducateurs à attirer le regard vers les plantes, les minéraux, les animaux, les autres personnes pour réussir à faire remarquer qu’on n’est pas seulement train de traverser une rue, en train de longer un champ mais qu’il y a aussi des hêtres, des chênes, du blé, des moineaux et des prés.


Notre personnelle :

Comme pour l’article précédent, je me permets de faire une remarque concernant les écrans en lien avec ce sujet.
On a vu, dans ce sujet, que l’éveil de la zone neurosensorielle passe par l’activation et la stimulation de la zone des membres et du métabolisme. Imaginez qu’un enfant passe des heures devant un écran, stimule-t-il sa zone métabolique et des membres ? Non, il est concentré, focalisé sur un écran qui le fascine. Il n’est pas non plus occupé à jouer, à créer de ses mains 1000 jeux par lesquels il façonne son pôle neurosensoriel.
De ce fait, sa zone neurosensorielle ne se développe pas nécessairement bien, n’est pas stimulée. Cela pourrait avoir un impact, une conséquence plus ou moins grave sur le développement de sa marche, de son langage et de sa pensée et concrètement sa scolarité.
Cela pourrait impacter, finalement, ses capacités de perception et de représentation. À nouveau, il est important que les politiques prennent conscience de ces données sur la nature humaine et ses pathologies. Il pourrait agir dans le sens de sensibiliser le public, limiter l’utilisation des écrans et des tablettes dans les écoles parce que ces derniers ont un impact manifeste sur la santé publique et le développement de l’enfant dans le sens qu’elles n’offrent pas des stimulations nourrissantes mais pire, au contraire, elles peuvent lui être toxiques et pathologiques. En effet, il est ici montré que l’usage des écrans pour les enfants peut possiblement éroder son développement voire contribue à donner de la force, par effet levier, à des facteurs invalidants déjà présents facilitant ainsi l’apparition des troubles et des retards.

Publié par Alexandre Walnier

Belge. Régent (Bac+3) en sciences humaines (enseignant en histoire, géographie, sciences sociales et économiques). Formé à la pédagogie Steiner (Grandes classes) à Chatou 14 ans d'expérience dans les écoles primaires, secondaires (générale, technique, professionnelle, spéciales - type 1,2,3) ; éducateur en IMPRO, IPPJ ouverte et fermée. 2 ans et demi d'expérience en WWOOF (volontariat dans des fermes bio(dynamies) en Australie.

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